Discours de Monsieur le Président Directeur Général de SONATRACH au 6ème Symposium de l'AIG
23 juin 2019
Discours de Monsieur le Président Directeur Général de Sonatrach
au 6e symposium de l’Association Algérienne de l’Industrie du Gaz (AIG) sur « Le gaz naturel au centre de la diversification énergétique »
Oran, les 23 et 24 juin 2019
Monsieur le Ministre de l’Energie,
Monsieur le Wali d’Oran,
Messieurs les représentants des compagnies nationales,
Messieurs les représentants de nos partenaires,
Mesdames et Messieurs de la presse,
Honorables invités,
Je voudrais tout d’abord adresser mes sincères remerciements et mes félicitations à l’Association Algérienne de l’Industrie du Gaz pour les efforts déployés en matière d’organisation de la 6e édition de son symposium triennal, dont je ne doute pas du succès de son déroulement.
Depuis son indépendance, l’Algérie fait partie des acteurs incontournables de la scène gazière mondiale. En 2018, la production de gaz mise à la vente a été de 97 milliards de mètres cubes, faisant de l’Algérie le 10e pays producteur mondial.
Le paysage du gaz naturel a subi récemment des évolutions majeures, et les années qui viennent devraient confirmer cette profonde reconfiguration. D’ici 20 ans, la demande mondiale va croître de plus de 1000 milliards de mètres cubes, progressant à un taux annuel de 1,4 %. La demande d’énergie, elle, devrait s’accroître annuellement de seulement 1 %, ce qui signifie que la part du gaz dans la balance énergétique mondiale augmentera nécessairement. En effet, d’ici à 2040, le gaz répondra à 24 % de la demande mondiale, contre 22 % actuellement et représentera la deuxième source d’énergie, devant le charbon, juste derrière le pétrole.
Près de la moitié de cette hausse de la consommation provient des pays asiatiques, notamment la Chine, avec 445 milliards de mètres cubes et l’Inde avec 120 milliards de mètres cubes supplémentaires entre 2016 et 2040.
La production mondiale suit l’évolution de la demande grâce au développement, des ressources d’hydrocarbures non conventionnelles qui assurent plus de 62% de la croissance, et qui représenteront plus d’un tiers de la production mondiale en 2040. Le développement massif de l’exploitation des ressources d’hydrocarbures non conventionnelles aux États-Unis a un impact à long terme sur l’ensemble des acteurs du secteur.
Bien qu’en forte progression, la production chinoise ne parviendra à satisfaire qu’environ un tiers de ses besoins. L’Inde quant à elle s’inscrira dans cette même tendance. Ces deux pays continueront donc massivement à importer du gaz pour subvenir à leurs immenses besoins en progression continue.
En Europe, la production d’hydrocarbures conventionnels diminuera fortement d’ici à 2040, et elle ne pourra pas être compensée entièrement par la production issue des pays européens. Sa dépendance extérieure augmentera ainsi de 52% en 2016 à 66% en 2040, et particulièrement vis-à-vis de ses fournisseurs historiques avec leurs réseaux de pipelines. Cette dépendance accrue est d’autant plus importante que la part relative du gaz dans le mix énergétique européen va passer de 24% à 30%, même si certains pays prévoient de réduire légèrement leur consommation. Le gaz naturel sera ainsi la première source d’énergie en Europe.
L’émergence de nouveaux acteurs à l’export – comme l’Australie, et la plus grande dépendance extérieure de la Chine et de l’Europe créent de nouvelles routes d’exportation. Ainsi, les transports sur longue distance augmenteront bien plus rapidement que la demande mondiale, 3,1% contre 1,4%, et représenteront près d’un cinquième de l’approvisionnement gazier mondial en 2040. Ces transports seront effectués davantage par transport maritime de GNL que par pipeline. Ceci nécessitera une augmentation des capacités de liquéfaction au niveau mondial, mais aussi un agrandissement des flottes de méthaniers ainsi que l’extension des terminaux gaziers et la réalisation d’unités flottantes de stockage et de regazéification (FSRUs, floating storage and regasification units) dans les pays importateurs et une attention plus grande encore à ce que la sécurité du transit demeure assurée le long des routes commerciales.
Les volumes de gaz supplémentaires seront utilisés à diverses fins – la génération d’énergie électrique domestique et industrielle, le chauffage des bâtiments et dans une moindre mesure le transport – et leur consommation aura un impact écologique bien moindre que celui du pétrole ou du charbon, que ce soit au niveau d’émission de particules fines ou au niveau des émissions de CO2 – le pétrole en émet 20% de plus et le charbon 40%. La structure moléculaire simple du gaz naturel permet en effet une combustion beaucoup plus propre que celles du pétrole et du charbon.
Ceci donne un avantage indéniable au gaz dans les environnements urbains, où la pollution atmosphérique sera la cause de troubles majeurs de santé publique. Près de 90% de la croissance de la demande en gaz sert en effet des régions urbaines.
De plus, les centrales de génération électrique au gaz étant facilement mises en production ou arrêtées, elles permettent de palier la fluctuation de la production d’énergies renouvelables.
Le transport maritime utilisera également de plus en plus le gaz comme carburant des cargos, notamment grâce à la décision de l’Organisation Maritime Internationale (OMI) de diminuer les concentrations maximales de soufre dans le fuel maritime de 3,5% à 0,5% dès le début de 2020.
En résumé : nous avons donc une demande en forte croissance, tirée par l’Asie, à laquelle répondent une série de pays, l’Australie, la Russie et les États-Unis, par une augmentation de la production de gaz conventionnel mais surtout de gaz non conventionnel, transporté par canalisations et de plus en plus par voie maritime.
En quoi cela va-t-il impacter l’Algérie ?
L’Algérie doit profiter de l’évolution du paysage gazier mondial et tirer profit de sa situation géographique exceptionnelle : au coeur de la Méditerranée et aux portes de l’Europe, entre les Amériques et l’Asie, et sur le continent africain.
Nous pouvons continuer à approvisionner l’Europe en gaz, d’autant que nous offrons une alternative intéressante à la diversification des sources d’approvisionnement, et maintenir nos volumes d’exports par canalisations ou sous forme de GNL. La recherche de nouveaux accords et la prolongation de nos contrats existants, comme ceux que nous avons récemment conclu portant sur la livraison annuelle de gaz, consolident notre position d’acteur majeur sur la scène énergétique européenne.
Nous devons également aller à la conquête de nouveaux marchés tant qu’ils sont en phase de croissance. Nos regards se tournent vers l’Asie, mais aussi vers l’Afrique, et l’Amérique Latine.
De manière concomitante au développement de ces nouveaux marchés, nous devons également subvenir à nos besoins domestiques. En effet, la population de notre pays grandit, nos industries et notre économie poursuivent leur développement. Pour toutes ces raisons, la demande intérieure algérienne va maintenir sa progression. Nous devons néanmoins modérer cette augmentation en tirant profit de l’ensoleillement généreux de notre pays par le développement de la production d’énergie solaire. Avec une irradiation annuelle en moyenne de 2000 kilowattheures par mètre carré, c’est plus d’un baril d’équivalent pétrole par an et par mètre carré d’énergie solaire que nous recevons. Ainsi, la diversification énergétique d’ici 2030 contribuera à une économie potentielle de gaz naturel dans le marché national. Il nous faut en parallèle oeuvrer à une meilleure efficience énergétique et une utilisation de nos ressources à bon escient sur le marché national.
Quoi qu’il en soit, nous devons augmenter notre production afin d’assurer nos volumes à l’export et de veiller à l’approvisionnement énergétique national. Ce sont depuis toujours les missions de Sonatrach.
Bien consciente de l’importance de ces défis et de la place majeure qu’elle occupe, Sonatrach déploie d’ores et déjà un plan stratégique, dont les actions s’organisent sur plusieurs échelles de temps.
À court terme, l’augmentation de la performance opérationnelle de notre compagnie sur les champs existants est au coeur de nos préoccupations. La gestion de performance est réalisée grâce à un système de veille et d’analyse de la progression de notre production par rapport aux objectifs fixés. Les écarts par rapport aux cibles entraîneront des actions correctrices. Des initiatives d’augmentation de performance ad hoc sont également prévues, comme l’amélioration de la performance du forage d’exploration et de développement.
Avec une superficie de plus de 100 000 km² et une bande côtière de 1200km, le domaine offshore algérien est une province frontier sous exploré. Sonatrach l’inclut dans sa stratégie de mobilisation de nouvelles ressources en hydrocarbures à court, à moyen et à long terme.
A cet effet, des travaux de prospection sismique 3D ont été déjà entrepris dans la zone offshore Est.
À moyen terme, le développement de l’effort d’exploration et l’accélération des projets de développement en cours permettront également d’augmenter la production.
Notre objectif consistera aussi à mobiliser des réserves représentant environ 2500 Mtep (2P) pour leur développement. L’accélération des projets consiste à élaborer une vue globale des volumes à mobiliser en consolidant les informations et les cartographies des données et à déterminer précisément où doivent être portés les efforts en identifiant les synergies possibles entre les projets existants.
Enfin, sur le long terme, l’exploration des champs frontières vise à valoriser l’ensemble du domaine minier algérien et renouveler les réserves en considérant aussi les ressources non conventionnelles à apprécier et à évaluer dont l’Algérie dispose des 3es plus grandes réserves mondiales.
Sonatrach étant une Entreprise Citoyenne, s’attèlera davantage sur le strict respect des procédures et règles environnementales pour la réalisation de ses projets.
Des budgets importants sont alloués au segment Exploration-Production à moyen terme. Nous mobilisons plus de 42 milliards de dollars d’investissement pour ce segment sur la période 2019-2023, dont près de 10 milliards pour l’exploration (sismique 3D, forages d’explorations, études, etc.).
En parallèle aux efforts d’augmentation de la production, la maitrise des couts constitue pour nous une priorité. Nous sommes actuellement en train de lancer des projets pilotes pour déployer une nouvelle méthodologie afin d’évaluer le potentiel d’optimisation des couts pour la mettre en oeuvre dans l’ensemble de nos unités opérationnelles.
L’usage de plus en plus important de solutions ERP, IT et digitales permettra également à Sonatrach de soutenir la pression sur les coûts, mieux appréhender la complexité croissante des opérations et répondre aux standards plus stricts en termes d’HSE.
Ces objectifs, transcrits dans plus d’une trentaine d’initiatives font partie de notre Stratégie à long terme, que nous mettons en oeuvre pour que Sonatrach puisse continuer à assurer la sécurité énergétique de notre pays à long terme par la prise en considération de toutes les formes de ressources disponibles.
Mesdames,
Messieurs,
Il y a 55 ans, nous relevions un défi de taille et mettons en place les jalons d’une base industrielle notamment pour la production, le transport, la valorisation et l’exportation commerciale de gaz naturel.
Aujourd’hui, les défis sont plus nombreux encore : amélioration de la performance de toute l’entreprise, augmentation des volumes de production, valorisation optimale de nos produits, notamment dans la pétrochimie, exploitation de notre sous-sol, diversification des sources d’énergies, etc.
Les efforts à fournir seront considérables. Mais Sonatrach est déterminée à saisir les opportunités offertes par ce marché mondial du gaz en mutation, pour assurer davantage encore la croissance nationale et poursuivre son rôle de moteur de l’économie nationale.
Nous pouvons aussi compter sur nos partenaires qui jouent un rôle important dans la réussite économique de Sonatrach et font partie d’un ensemble d’une centaine de compagnies étrangères réparties entre l’amont et l’aval, qui permettent de limiter nos risques financiers et techniques, tout en apportant une expertise de référence mondiale.
En outre, l’intérêt de la part de nos partenaires existants et futurs est fort également, et croissant. Ceci est le fruit de plusieurs actions qui reflètent la volonté de Sonatrach de faire du partenariat un pilier stratégique dans nos efforts de développement à court, moyen et long termes.
Je termine en vous souhaitant plein succès dans vos travaux, et en assurant tout notre soutien à l’AIG pour l’organisation d’autres évènements de ce genre autour de thématiques se rapportant aux questions de l’heure en matière de promotion de l’industrie gazière algérienne.
Je vous remercie.